Récit Rosina, mon oncle Faustino

Commandant de la 251ème division "Pablo Iglesias"

Faustino Muniz Gonzalez "El Bollero"

Habitant Avilés, Faustino Muniz, membre du PSOE et de la JSU, était une personne importante dans la structure révolutionnaire de la région. Accusé d'avoir tué deux gardes civils pendant la révolution d'octobre 1934, il sera condamné à la prison à perpétuité. Face au soulèvement fasciste, le commandant Faustino Muniz, déterminé à résister, va combattre jusqu'à la fin à Pola de Gordon avec 400 soldats. Tentant de s'échapper avec les derniers combattants, il sera arrêté à San Juan de Nieva. Déporté en Galice, il est ensuite emmené à la Direction Générale de Sécurité d'Avilés où il sera interrogé et torturé. Il sera fusillé le 11 mai 1938 à Gijôn, il avait 28 ans. Cet homme laissa un fils, sa femme, ses parents et 7 frères et sœurs. Sa petite sœur, Maria Luisa, s'approchait tous les jours de la prison d'Avilés un livre à la main, elle attendait l'impossible : voir un instant son grand frère. Malade, voyant son frère sortir défiguré de cellule, elle eut une attaque et mourut deux jours plus tard. Elvira, la mère, forte comme le chêne des Asturies, marchant seule d'Arnao à la prison de Gijôn (20 km) ira embrasser son fils aîné avant l'exécution. La gorge nouée elle lui dira sans retenue : Hijo, meurs en homme, ne demande pas pardon. Son autre fils Angel, tailleur et co-fondateur du PCE d'Avilés, bien qu'il n'ait jamais eu un fusil entre ses mains, fut condamné à mort. Il sera gracié et passa 15 ans en prison. Quelques mois après sa libération, il entra dans l'asile d'Oviedo d'où jamais il ne sortira. Elvira, plusieurs fois interrogée, ne savait rien de ses deux autres fils recherchés par la Phalange. Un jour, on l'emmena sur une falaise sur laquelle se trouvaient en contrebas quelques cadavres afin de reconnaître l'un de ses deux fils, "celui qui a la bouche cousue par le fil de fer est ton fils, non", lui beuglent gardes civils et phalangistes. Le jeune garçon assassiné avait bien la bouche cousue avec du fil de fer, mais il n'était pas l'un de ses deux fils. Marcelo et Manuel ont réussi à s'enfuir en France par bateau, ils ont continué les combats en Aragon et en Catalogne. Marcel blessé fut trépané en France et Manuel, le père de Rosina, mourut en exil sans jamais revoir ses vertes montagnes asturiennes. Le poète dit que la vie est aussi un rêve. Cependant, il ne fait aucun doute que les souffrances sont aussi des rêves éternels qui attisent la douleur et le ressentiment.

Rosina Muniz : "Puissions-nous ne jamais les oublier".