La Ralenga de la Compañia ( Magnolio LUQUE)

La Ralenga de la Compañia

Suite au coup d’État rebelle du 18/07/1936, les troupes fascistes avec leurs supplétifs marocains prennent la ville de Antequera le 13/08/1936, à leur tête deux généraux cruels : Juan Yagüe et Gonzalo Queipo de Llano.

Avec ma famille, nous fuyons à toute hâte La Ralenga de la Compañia, lieu-dit près d’Antequera où nous habitions. Mon père rejoint alors les troupes Républicaines. Nous nous refugions, mère et enfants, dans un cortijo (ferme andalouse) appartenant à des amis. Nous y resterons quatre mois, j’avais alors neuf mois. Un commando républicain composé de cinq cavaliers, mon père à leur tête, nous récupère et nous aide à traverser les lignes ennemies.

Après quelques mois d’errance, nous arrivons à Malaga sous les bombes en février 1937. Les troupes rebelles arrivant, mes parents décident de quitter les lieux en empruntant la route côtière qui mène à Almeria. Cette route surnommée la Carretera de la Muerte (route de la mort) verra au moins 5000 civils tués (femmes, enfants et vieillards) par les bombardements de l’aviation fasciste et le pilonnage de la flotte italienne. Tragique exode qui nous mènera à Almeria. À peine arrivés, mes parents veulent poursuivre leur fuite éperdue vers la Catalogne. Sinistres instants où nous perdons Eugenia, ma jeune sœur de 3 ans, et apprenons que notre grand-mère et notre tante ont été fusillées au village. Nous arrivons à Barcelone sous les bombardements et notre seul refuge est alors le métro. Nouveau départ, cette fois vers Figueras, le 09 février 1939 nous arrivons à la frontière du Perthus.

En ce moment précis, nous ne savons pas où se trouve notre père. Une fois passé la frontière et subis divers contrôles, ma mère, ma sœur, mon frère et moi, sommes amenés à la gare du Boulou. La famille monte dans un train qui nous mènera à Rodez en Aveyron. Nous resterons, de février 1939 à février 1940, dans le Larzac en résidence surveillée. Un frère naîtra à Millau.

Mon père est interné au camp de St-Cyprien puis dans celui de Bram/Montréal entre février 1939 et février 1940. Il est autorisé à sortir du camp pour aller travailler chez un viticulteur à Villeneuve Minervois comme ouvrier agricole. Après une longue attente, la Croix Rouge permet de nous retrouver tous à Villeneuve pendant neuf mois. En novembre 1940, nous partons pour le camp de Bram, nous y resterons 10 jours, ensuite quatre mois dans celui d’Argelès sur Mer puis six mois dans celui de Rivesaltes. Durant ce pénible périple dans ces camps de concentration français, ma sœur est née à la Maternité d’Elne.

Libérés enfin de ces horribles camps, nous rejoignons notre père, qui avait déjà quitté les lieux. Il travaillait dans les mines de charbon de la Grand-Combe dans le Gard où nous passerons en famille le reste du temps jusqu’à la fin de la 2ᵉ guerre mondiale. En juillet 1945, nous arrivons dans le département de l’Aude où nous passerons le reste de notre vie.

Magnolio Luque